Bonjour 22 mars 2020

    Le Bonjour des amis

Eglise st Jean Berchmans ° st Michel 22 mars 2020

En introduction à ce 4° dimanche de Carême

Par les temps qui courent, l’antienne qui ouvre cette liturgie de la Mi-Carême a quelque chose de provoquant : ‘Réjouissez-vous !’ (en latin : Lætare !). Mais comment se réjouir quand la vie publique s’est quasi arrêtée, quand le personnel soignant s’épuise, quand ‘confinement’ rime avec ‘énervement’ et que la mort fait le tour du monde ?

Pourtant, l’appel du prophète à se réjouir (Isaïe 66,10) traverse les siècles pour nous toucher aujourd’hui encore, car la Mi-Carême nous rappelle que nous ne sommes plus qu’à trois semaines de Pâques et que Pâques, précisément, est à la source de notre joie.

Maigre consolation, dira-t-on, car, à l’heure d’aujourd’hui, nous ne savons même pas si nous pourrons sortir de notre trou pour fêter le printemps de Pâques.

C’est vrai, mais cette privation elle-même serait peut-être une raison d’aller creuser encore plus profond (‘retire-toi dans ta chambre’) pour trouver tout au fond du puits « la source jaillissant en vie éternelle » dont parlait Jésus à la Samaritaine dimanche dernier. Il s’agit cependant d’un creusement dont nous ne sortirons sans doute pas indemnes, car il nous faudra changer de regard.

C’est en tout cas à ce changement de regard que nous invite la liturgie de la Parole aujourd’hui car, dans la première lecture, Dieu déroute Samuel appelé à oindre le futur roi d’Israël ; dans l’évangile, Jésus nous fait comprendre que les aveugles ne sont pas nécessairement ceux qu’on croit. (Xavier Dijon sj)

Homélie du P Xavier Dijon sj

Le début de l’évangile qui nous est proposé dans la liturgie de ce dimanche nous oblige à poser une question très gênante à propos de l’actualité qui, de jour en jour, envahit nos journaux et nos conversations. En voyant l’aveugle de naissance, les disciples ont demandé à Jésus « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (Jn 9,2). Aujourd’hui, en voyant le fléau du coronavirus frapper toutes les régions du monde, nous pouvons également entendre surgir en nous la question : « Qui a commis la faute ? Quels sont les coupables par lesquels ce malheur nous est arrivé ? »

Deux réponses se présentent tout de suite, mais la première accueille trop vite la question ; la seconde la rejette trop facilement.

Un regard trop humain

La réponse rapide emprunte plusieurs voies qui toutes désignent immédiatement le coupable : c’est la Chine, ou le pangolin, ou l’inertie des gouvernements, ou la désorganisation de l’Europe, ou le capitalisme pharmaceutique, ou la mondialisation des échanges, ou l’imprudence de mon voisin… Toutes ces observations ont sans doute leur part de vérité dans l’explication de la naissance et de l’extension de la pandémie, mais elles ne rejoignent probablement pas la profondeur à laquelle la question est posée par les apôtres à Jésus : « qui a péché ? », c’est-à-dire : « en quoi Dieu a-t-il été offensé, au point que cet homme vit maintenant dans la souffrance de ne pas connaître la lumière du jour ? »

L’autre réponse rejette la question morale de la faute parce que, précisément, il n’y a pas lieu de la faire intervenir dans cette histoire. Il suffit d’adopter le regard réaliste du scientifique autant que le regard pragmatique du politique pour comprendre qu’une pandémie, ce n’est tout de même jamais qu’un virus qui se propage selon des voies étudiées par les biologistes, les médecins et les statisticiens et combattues par les responsables de la santé publique, sans qu’il y ait lieu de poser à ce sujet d’autre question morale que celle de bien faire son travail (scientifique ou politique), précisément pour qu’il soit mis fin aux souffrances et aux morts dues à la pandémie. Il n’y a là rien que de très humain et on ne voit pas en quoi la référence à Dieu viendrait ajouter quoi que ce soit à la compréhension de ce phénomène qui relève strictement du combat de l’homme contre l’hostilité de la nature. Cette seconde réponse rejoint donc la première en ce qu’elle ne pose pas non plus la question du rapport à Dieu.

D’ailleurs, tant qu’à parler de Dieu et du mal – en cherchant par exemple un rapport entre Dieu et le coronavirus – la voie la plus simple ne serait-elle pas de renvoyer Dieu à son inexistence ? On reconnaît là la position qu’Albert Camus, auteur de La peste, met dans la bouche de son héros, le Dr Rieux, parlant à son ami Tarrou  : « puisque l’ordre du monde est réglé par la mort, peut-être vaut-il mieux pour Dieu qu’on ne croie pas en lui et qu’on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers ce ciel où il se tait » (Nrf, 1947, p. 147), ou encore, disant au père jésuite Paneloux : « Je refuserai jusqu’à la mort d’aimer cette création où des enfants sont torturés » (p. 240).

Pourtant, cette double réponse qui limite le mystère du mal à l’horizon seulement humain a peut-être quelque chose de trop court, aussi bien du côté des réactions spontanées des gens que de la Bible elle-même.

La référence à Dieu

Quand un malheur survient dans une maison ou une famille, ne nous est-il jamais arrivé d’entendre, surtout si l’épreuve se répète : « mais qu’avons-nous fait au bon Dieu pour mériter cette punition ? » Selon cette logique-là, le malheur qui frappe une personne ou un groupe se rapporte, d’une façon ou d’une autre, à un désordre moral – une faute – qui doit être corrigée et dont, éventuellement, il faudra désigner l’auteur coupable. Une telle mentalité remonte à la nuit des temps puisque les peuples anciens, adeptes d’une religion animiste ou vitaliste, ne pouvaient pas concevoir la survenance d’un dommage accidentel sans y voir l’intervention des esprits ou des ancêtres.

Plus près de nous, nous avons tous appris à l’école la célèbre fable de Jean de la Fontaine où la peste apparaît comme « un mal qui répand la terreur, mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre… », un mal à propos duquel le lion conclut : « Je crois que le Ciel a permis pour nos péchés cette infortune ; que le plus coupable de nous se sacrifie aux traits du céleste courroux… », et on connaît la suite, fatale pour le pauvre âne.

Dira-t-on que cette manière de voir le malheur comme une punition du Ciel garde encore une couleur très païenne, mais que, fort heureusement, la Bible nous en a délivrés ? Rien n’est moins sûr, car l’Ecriture sainte connaît bon nombre de punitions venues d’en haut, à commencer par celles qui frappent nos premiers parents, sanctionnés pour leur désobéissance : ‘Je multiplierai les peines de tes grossesses’ (Gn 3,16), ‘Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front’ (Gn 3,19), et la liste se poursuit : l’errance pour Caïn qui a tué son frère (Gn 4,11), le déluge pour toute l’humanité corrompue (Gn 6,7), la pluie de soufre et de feu sur les villes impudiques de Sodome et Gomorrhe (Gn 19,23), les Dix plaies d’Egypte contre le Pharaon (Ex 7,14s), le massacre de 3000 hommes après l’adoration idolâtrique du veau d’or (Ex 32, 28), la morsure des serpents contre le peuple rebelle au désert (Nb 21,6)… Tout au long de la Bible, la colère de Dieu n’est pas un vain mot, même si les prophètes qui se succèdent pour dénoncer les fautes du peuple et lui annoncer un châtiment imminent finissent toujours par lui faire entendre aussi une note d’espoir.

La punition divine

Arrêtons-nous ici pour tirer de l’Ecriture une première leçon qui porte sur la punition : nous sommes punis parce que nous avons mal fait, parce que nous n’avons pas respecté la loi du Seigneur. Or cette leçon nous est assez aisément accessible.

Ainsi, quand un enfant ne respecte pas les devoirs qu’on lui a appris (la franchise, l’obéissance, la politesse…), on le punit : on l’envoie dans le coin ou au lit sans dessert pour qu’il réfléchisse à sa conduite et qu’il se rappelle, par la peine qu’il éprouve, l’importance d’écouter ce qu’on lui a dit. Quand un citoyen n’a pas respecté les normes de la loi (il a frappé autrui ou détourné des fonds ou mis la vie des autres en danger…), on lui infligera une amende ou on l’enverra en prison pour qu’il se rende compte, par la peine qu’il subit, de la gravité de sa conduite et qu’il s’en abstienne à l’avenir. Punir un enfant, punir un citoyen, c’est lui rappeler la loi pour qu’il vive mieux désormais. La leçon est facile à comprendre, mais en va-t-il de même dans les rapports d’une personne ou d’un peuple avec Dieu ?

Si un jour il nous arrive un malheur, dans notre santé, dans notre patrimoine, dans nos liens familiaux, devons-nous considérer que nous sommes punis par Dieu ? Et si un virus mortel frappe tous les peuples, est-ce à cause de leurs péchés qu’ils subissent ce malheur ? Sans doute protesterons-nous vigoureusement en disant que Dieu est trop bon pour punir une de ses créatures. Il n’empêche que nous sommes bien obligés de ne pas exclure cette possibilité-là puisque, de fait, il arrive dans l’Ecriture que Dieu se fâche et punisse son peuple qui oublie sa loi.

Dans cette ligne-là, pourrions-nous alors énumérer les péchés de notre temps pour expliquer la survenance d’un fléau comme le Covid-19 ? Les gouvernements qui se laissent corrompre, l’arrogance de la grande richesse face à la persistance de la grande pauvreté, la folie de la consommation qui dévore la planète, les législations qui portent atteinte à la vie humaine, la mondialisation de l’indifférence, l’irrespect à l’égard des femmes et des enfants : ces méchancetés et ces désordres sont-ils à l’origine du malheur que Dieu nous enverrait à titre de châtiment pour nous détourner de nos fautes ?

Il ne faut en tout cas pas tirer trop vite cette conclusion-là car, avant de parler d’un malheur comme d’une punition de Dieu, il nous faut revenir à la réponse que Jésus donne à ses disciples à propos de l’aveugle-né : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui » (Jn 9,3).

L’enseignement de Jésus

En d’autres termes, Jésus casse le lien immédiat que l’on voudrait trop facilement reconnaître entre un péché quelconque commis par les hommes et le malheur qui présentement les assaille. C’est que l’ordre moral de la faute commise et l’ordre naturel de l’accident subi ne sont pas intrinsèquement liés.

En tout cas, quand Jésus voit le malheur s’abattre effectivement sur une personne ou un groupe, il adopte une perspective qui n’est nullement celle de la punition, mais du rétablissement, du salut car, dit-il lui-même à Nicodème : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,17). C’est ainsi qu’il va refaire, au bénéfice de l’aveugle-né, les gestes du Créateur qui modela le premier homme avec de la boue. Lui qui est lumière du monde, il rend la vue à l’infirme. Là s’exprime d’emblée la pente première du Sauveur qui ne s’embarrasse d’aucune manière d’une quelconque punition ; son cœur est tout de suite proche de la misère.

Est-ce à dire pour autant que le Seigneur Jésus n’admet aucun lien entre le péché et le malheur ? Non, mais lorsqu’il reconnaît ce lien, c’est encore dans une perspective de miséricorde, pour ouvrir l’avenir.

Ainsi, à l’infirme de la piscine de Bézatha, qu’il a guéri de sa paralysie en lui rendant sa mobilité, il dit : « Te voilà guéri ; ne pèche plus désormais : il t’arriverait pire encore » (Jn 5,14). On le voit, la préoccupation essentielle du Christ touche le lien de chacun des humains à son propre Père, car il sait d’expérience que c’est en cette alliance-là que se trouve la béatitude. Il sait aussi, dès lors, que si l’homme s’écarte de cette alliance en choisissant le péché, il contribue, quasi nécessairement, à créer un monde de malheur.

Significatif aussi est cet épisode évangélique où l’on rapporte à Jésus un double malheur : d’abord un massacre de Galiléens par Pilate, puis la chute d’une tour sur 18 personnes à Jérusalem. Dans les deux cas, Jésus pose la question à ses interlocuteurs : ‘ces victimes étaient-elles plus coupables que d’autres ?’ mais il y répond lui-même par la négative. Ainsi, il coupe à nouveau le lien immédiat de la faute et du malheur, ce qui ne l’empêche pas d’enchaîner aussitôt : « Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » (Lc 13,3,5). Pour Jésus, le malheur qui frappe l’aveugle – né ou le paralysé de Bézatha, ou les cibles d’une tuerie ou les victimes d’un accident, ce malheur-là ne doit pas être lu comme un châtiment. Cette épreuve-là ne condamne pas, elle appelle.

*

A partir de ce bref survol de l’Ecriture, pouvons-nous en venir à l’attitude spirituelle que nous pourrions adopter en ce temps de crise ?

Les propos qui précèdent rappellent combien il est imprudent de superposer trop vite un fléau tel que le Covid-19 avec une quelconque colère de Dieu car, si cette corrélation-là devait un jour être reconnue, elle devrait s’inscrire, dirons-nous, dans une dynamique spirituelle plus large qui impliquerait au moins trois conditions relatives, respectivement, au bonheur, à autrui et à la croix.

Le bonheur comme le malheur

La première précaution à prendre avant de considérer un malheur comme un châtiment de Dieu consiste à porter ce regard spirituel non seulement sur le malheur mais aussi sur le bonheur.

Ainsi, pour les Juifs, un malheur tel que l’exil à Babylone est, selon la lecture qu’en font les prophètes, un châtiment de Dieu en punition de toutes les infidélités d’autrefois, mais le bonheur est aussi un don de sa main. Par exemple, la délivrance par Cyrus et le retour de l’exil sont vus par le peuple comme un acte de la maîtrise de Dieu sur l’histoire, en faveur de son peuple (cf. Is 45,1s).

Si donc il nous arrive un jour de penser que nous subissons le malheur à cause de la colère de Dieu, nous devrons penser, pour être justes, que le bonheur aussi vient de sa main. Car si nous sommes punis, ce n’est jamais seulement pour subir une punition, mais pour être délivrés de nos fautes et vivre à nouveau l’Alliance. C’est toute notre vie qui se déroule sous le regard du Père et en communion avec Lui, dans ses heurs comme dans ses malheurs.

A cet égard, la Bible nous offre le bel exemple de Job. Cet homme juste et intègre se voit mis à rude épreuve, dépouillé de tous ses biens, en deuil de tous ses enfants, touché des pieds à la tête en sa propre chair ; il est en outre accablé par sa femme : « Vas-tu encore persévérer dans ton intégrité ? Maudis donc Dieu et meurs’ ». Mais Job lui répond : « Tu parles comme une folle. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ? » (Jb 2,9-10).

Le mystère d’autrui

La deuxième précaution à prendre avant de parler d’un malheur comme d’un châtiment de Dieu consiste à parler à la première personne (je ou nous) sur le mode du regret et non à la deuxième ou troisième personne sur le mode de l’accusation.

Quand nous étions enfants et que l’un de nous se cognait à un meuble ou perdait un objet après avoir dit une vilaine parole ou s’être rendu coupable d’une mauvaise action, il nous arrivait de dire : « c’est le bon Dieu qui t’a puni ! » Parler du bon Dieu, c’est juste (il est bon même quand il punit), mais dire : « il t’a puni » n’est pas juste. L’erreur, ici, consiste à parler à la place de l’autre, comme si on avait percé son secret, comme si on savait ce qui s’était passé autrefois et ce qui se passe encore aujourd’hui dans la mystérieuse relation que cet autre entretient avec Dieu.

C’est d’ailleurs, dans l’évangile de ce jour, la faute que commettent les pharisiens lorsque, excédés par les réparties judicieuses de l’aveugle guéri, ils lui disent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? « (Jn 9,34). Qu’en savent-ils ?

Si Dieu me punit, personne ne pourra m’en faire le reproche de l’extérieur. C’est seulement en lisant l’Ecriture sainte avec l’aide de l’Eglise que je pourrai relire ma vie et poser un lien entre le mal que j’ai commis et celui que je subis. C’est en disant avec le Psalmiste : « car mon péché, moi je le connais, ma faute est devant moi sans relâche… », c’est en disant avec l’Enfant prodigue « Père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils… », c’est en descendant dans notre propre misère, « assis au bord des fleuves de Babylone », que nous pouvons relire le malheur qui nous arrive comme la suite de notre propre péché.

Mais on voit combien cette démarche délicate n’est juste que si elle vient du plus profond du cœur du sujet concerné. Cette relecture ne peut se passer que de façon strictement personnelle entre le croyant qui se reconnaît pécheur et le Seigneur qui reste Père. Toute autre lecture qui ne respecterait pas ce mystère-là et qui se dirait par exemple sur le mode de l’accusation d’autrui serait malvenue, parfois même odieuse.

Ici encore peut revenir la belle figure de Job. Alors qu’il est assis sur son fumier, protestant de son innocence, ses trois amis, venus pour le plaindre, lui tiennent des discours qui l’accablent, suspectant chez lui quelque faute qui lui aurait attiré ses malheurs. Mais ici, c’est Dieu lui-même qui prend sa défense lorsqu’il dit à l’un des trois visiteurs : « Ma colère s’est enflammée contre toi et tes deux amis, car vous n’avez pas bien parlé de moi comme l’a fait mon serviteur Job » (Jb 42,7).

La croix à notre place

La dernière précaution à prendre avant de considérer un malheur comme une manifestation de la colère de Dieu consiste à entrer résolument dans le Nouveau Testament car c’est là que l’ancienne alliance est transformée.

Nous avons évoqué plus haut la morsure des serpents. L’histoire nous est racontée dans le Livre des Nombres (Nb 21,6s) : comme les Hébreux en avaient plus qu’assez de marcher au désert en ayant faim et soif, ils murmuraient. Et voici, dit la Bible, que Dieu envoya des serpents brûlants contre son peuple. Après avoir vu mourir un certain nombre d’entre eux mordus par les serpents, les Hébreux sont allés trouver Moïse en regrettant leurs murmures contre le Seigneur et en demandant la délivrance. C’est alors que, sur les indications du Seigneur, Moïse éleva un serpent de bronze. Dès lors, à tout qui était mordu, il suffisait de regarder le serpent de bronze pour être délivré du venin mortel. Or Jésus s’applique à lui-même cette étrange histoire : « de même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé. » Par-là, Jésus annonçait sa croix.

C’est donc en regardant la Croix du Christ que nous pourrons, nous, être délivrés du mal, tant du mal que nous avons commis en murmurant contre le Seigneur, que du mal que nous subissons en punition de notre faute. C’est dans la croix du Christ que se montre en plénitude la bonté de Dieu car c’est à la croix que le Christ subit notre propre châtiment. C’est nous qui méritions la croix du fait de notre méchanceté, mais c’est lui qui la porte et qui y meurt à cause de sa pitié.

A partir du moment où Jésus accepte d’être le Serpent élevé de terre, l’attitude de Dieu envers le mal bascule sous nos yeux de l’ancienne à la nouvelle alliance. Dieu n’est plus seulement celui qui punit le mal, il est aussi celui qui accepte d’en porter lui-même la punition, à notre place. Dans ces conditions-là, si nous acceptons de lever les yeux vers le Seigneur crucifié, nous comprendrons mieux encore le sens du mal que nous avons à subir.

Car il ne s’agira plus seulement d’accepter ce mal comme la propre punition de notre faute. Il s’agira aussi – tout en ne cessant pas de le combattre – d ’accepter ce mal comme l’occasion de partager l’amour du Christ qui souffre à notre place. En acceptant de mêler la punition que nous méritons à celle que le Christ n’a pas méritée, nous permettons à la miséricordieuse bonté de Dieu de s’étendre non seulement sur nos péchés mais sur ceux du monde pour que nous en soyons tous délivrés. Car, encore une fois, « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour condamner le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,17).

A propos de l’aveugle-né, Jésus a transformé notre regard. S’il a écarté la question de la culpabilité (‘ni lui ni ses parents n’ont péché’), c’était afin d’ouvrir l’avenir : ‘pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui’ (Jn 9,3). Quelles sont ces œuvres de Dieu ? La première est évidente : l’aveugle a retrouvé la vue à la piscine de Siloé ; la seconde ne l’est pas moins : l’homme, retrouvant plus tard Jésus, se prosterne devant lui en disant : ‘Je crois Seigneur’ (Jn 9,38). Se pourrait-il qu’une cécité – ou un virus – trouve son sens ultime en cet acte de foi ? Seul l’aveugle guéri peut répondre.

« Arrêtez-vous et sachez que je suis Dieu »

Nous publions la lettre de l’Abbé Général de l’ordre des Cisterciens Don Mauro-Giuseppe Lepori, écrite depuis Rome le 15 mars 2020, pour le 3ème Dimanche de Carême dans le cadre de l’épidémie du Coronavirus. 

Noli me tangere  (Source : Internet)

Chers Frères et Sœurs, La situation qui s’est créée avec la pandémie de coronavirus me pousse à rechercher le contact avec vous tous par le biais de cette lettre, comme signe que nous vivons cette situation en communion, non seulement entre nous, mais avec toute l’Église et le monde entier. Comme je me trouve en Italie et à Rome, je vis cette épreuve dans un point crucial, même s’il est clair que la plupart des pays dans lesquels nous vivons se retrouvera bientôt dans la même situation.

Être utiles à tous

Il est évident que la première réaction correcte que nous devons avoir, également en tant qu’Ordre et communautés monastiques, est de suivre les indications des autorités civiles et ecclésiastiques pour contribuer avec obéissance et respect à une résolution rapide de cette épidémie. Tous, nous n’avons jamais été autant que maintenant appelés à réaliser combien la responsabilité personnelle est un bien pour tous. Celui qui accepte les règles et les comportements nécessaires pour se défendre de la contagion contribue à la limiter pour les autres. Ce serait une règle de vie à respecter toujours, à tous les niveaux, mais dans l’urgence actuelle, cela saute aux yeux que nous sommes tous solidaires pour le meilleur et pour le pire. Mais au-delà de l’aspect sanitaire de la situation, que nous demande ce moment dramatique par rapport à notre vocation ? A quoi Dieu nous appelle-t-il en tant que chrétiens et particulièrement en tant que moines et moniales à travers cette épreuve universelle ? Quel témoignage sommes-nous invités à donner ? Quelle aide spécifique sommes-nous appelés à offrir à la société, à tous nos frères et sœurs dans le monde ? Me revient à l’esprit l’expression de la Charte de Charité que j’ai souvent soulignée au cours de l’année passée, notamment dans la Lettre de Noël 2019 qui, d’ailleurs, a été publiée juste au moment où la contagion de COVID-19 a commencé en Chine : « Prodesse omnibus cupientes – désireux d’être utiles à tous » 1) . Quel bénéfice sommes-nous appelés à offrir à l’humanité tout entière en ce moment précis ?

« Arrêtez-vous et sachez que je suis Dieu »

Peut-être notre premier devoir est-il de vivre cette circonstance en lui donnant un sens. Après tout, le véritable drame que vit actuellement la société n’est pas tant ou pas seulement la pandémie, mais ses conséquences dans notre existence quotidienne. Le monde s’est arrêté. Les activités, l’économie, la vie politique, les voyages, les divertissements, le sport ont cessé, comme pour un Carême universel. Mais pas seulement cela : en Italie et maintenant aussi dans d’autres pays, la vie religieuse publique a également cessé, la célébration publique de l’Eucharistie, tous les rassemblements et les réunions ecclésiales, du moins ceux où les fidèles se rencontrent physiquement. C’est comme un grand jeûne, une grande abstinence universelle. Cet arrêt imposé par la contagion et les autorités est présenté et vécu comme un mal nécessaire. L’homme contemporain, en effet, ne sait plus s’arrêter. Il ne s’arrête que s’il est arrêté. S’arrêter librement est devenu presque impossible dans la culture occidentale actuelle, qui est, de plus, mondialisée. Même pour les vacances, on ne s’arrête pas vraiment. Seuls des revers désagréables peuvent nous arrêter dans notre course à profiter de plus en plus de la vie, du temps, souvent aussi des autres. Mais aujourd’hui, un revers désagréable tel qu’une épidémie a arrêté presque tout le monde. Nos plans et nos projets ont été annulés, et nous ne savons pas pour combien de temps. Même nous, qui vivons une vocation monastique, peut-être cloîtrée, combien nous nous sommes habitués à vivre comme tout le monde, à courir comme tout le monde, à penser notre vie en nous projetant toujours vers un avenir ! S’arrêter, au contraire, signifie retrouver le présent, l’instant à vivre maintenant, la vraie réalité du temps, et donc aussi la vraie réalité de nous-mêmes, de notre vie. L’homme ne vit que dans le présent, mais nous sommes toujours tentés de rester attachés au passé qui n’existe plus ou de nous projeter vers un avenir qui n’existe pas encore et qui n’existera peut-être jamais.

Dans le Psaume 45, Dieu nous invite à nous arrêter et à reconnaître sa présence au milieu de nous : « Arrêtez ! Sachez que je suis Dieu, exalté parmi les peuples, exalté sur la terre. Il est avec nous, le Seigneur de l’univers, citadelle pour nous, le Dieu de Jacob. » 2) Dieu nous demande de nous arrêter ; il ne nous l’impose pas. Il veut que nous nous arrêtions et que nous demeurions devant Lui librement, par choix, c’est-à-dire avec amour. Il ne nous arrête pas comme la police arrête un délinquant en fuite. Il veut que nous nous arrêtions comme nous nous arrêtons devant la personne aimée, ou comme nous nous arrêtons devant la tendre beauté d’un nouveau-né qui dort, ou d’un coucher de soleil ou d’une œuvre d’art qui nous remplissent d’émerveillement et de silence. Dieu nous demande de nous arrêter en reconnaissant que sa présence pour nous remplit l’univers entier, que c’est la chose la plus importante dans la vie, que rien ne peut dépasser. S’arrêter devant Dieu signifie reconnaître que sa présence remplit l’instant et donc satisfait pleinement notre cœur, quelles que soient les circonstances et les conditions dans lesquelles nous nous trouvons.

Vivre la contrainte avec liberté

Qu’est-ce que cela signifie dans la situation actuelle ? Que nous pouvons la vivre avec liberté, même si nous y sommes contraints. La liberté n’est pas de toujours choisir ce que l’on veut. La liberté est la grâce de pouvoir choisir ce qui donne de la plénitude à notre cœur même quand tout nous est enlevé. Même lorsque la liberté nous est enlevée, la présence de Dieu nous garantit et nous offre la liberté suprême de pouvoir nous arrêter devant Lui, de le reconnaître présent et ami. C’est le grand témoignage des martyrs et de tous les saints. Lorsque Jésus marcha sur les eaux pour rejoindre ses disciples au milieu de la mer démontée, il les trouva incapables d’avancer à cause du vent contraire : « La barque (…) était battue par les vagues, car le vent était contraire » 3) . Les disciples luttent sans relâche contre le vent qui les contrarie dans leur plan pour atteindre le rivage. Jésus les atteint comme seul Dieu peut s’approcher de l’homme, avec une présence libre de toute contrainte. Rien, aucun vent contraire ni même aucune loi de la nature, ne peut s’opposer au don de la présence du Christ venu pour sauver l’humanité. « Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. » 4)  Mais il y a une autre tempête qui voudrait s’opposer à la présence amicale du Seigneur : notre méfiance et notre peur : « Les disciples furent bouleversés et dirent : “C’est un fantôme !” et la peur leur fit pousser des cris » 5) . Souvent, ce que nous imaginons avec les yeux de notre méfiance transforme la réalité en un « fantôme ». Alors, c’est comme si nous nourrissions nous-mêmes la peur qui nous fait crier. Mais Jésus est également plus fort que cette tempête intérieure. Il s’approche davantage, il nous fait entendre sa voix, la sonorité pacifiante de Sa présence amicale : « Mais aussitôt, Jésus leur parla en disant : “Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur !” » 6) . « Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : “Vraiment, tu es le Fils de Dieu !” » 7) . Ce n’est que lorsque les disciples reconnaissent la présence de Dieu et l’acceptent comme telle, c’est-à-dire lorsqu’ils s’arrêtent devant elle, que le vent cesse de s’opposer à eux 8) et « aussitôt la barque toucha terre là où ils se rendaient » 9) .

Jésus marchant sur les eaux (Source : Wikipedia)

Cela peut-il se produire dans la situation de danger et de peur que nous vivons actuellement face à la propagation du virus et aux conséquences, certainement graves et durables, de cette situation sur l’ensemble de la société ? Reconnaître dans cette circonstance une possibilité extraordinaire d’accueillir et d’adorer la présence de Dieu parmi nous, ne signifie pas fuir la réalité et renoncer aux moyens humains mis en place pour nous défendre du mal. Ce serait une insulte à ceux qui, comme tout le personnel de santé, se sacrifient aujourd’hui pour notre bien. Il serait également blasphématoire de penser que Dieu nous envoie des épreuves pour nous montrer ensuite combien Il est bon en nous en libérant. Dieu entre dans nos épreuves, les subit avec nous et pour nous jusqu’à la mort sur la Croix. Il nous révèle ainsi que notre vie, dans l’épreuve comme dans la consolation, a un sens infiniment plus grand que la résolution du danger actuel. Le vrai danger qui plane sur la vie n’est pas la menace de mort, mais la possibilité de vivre privés de sens, de vivre sans être tendus vers une plénitude plus grande que la vie et un salut plus grand que la santé.

Cette pandémie, avec tous ses corollaires et ses conséquences, est alors l’occasion pour nous tous de nous arrêter réellement, non seulement parce que nous y sommes contraints, mais parce que nous sommes invités par le Seigneur à nous tenir devant lui, à reconnaître qu’il vient, en ce moment même, à notre rencontre au milieu de la tempête des circonstances et de notre angoisse, en nous proposant une relation renouvelée d’amitié avec lui, avec celui qui est sans doute capable d’arrêter la pandémie comme il a calmé le vent, mais qui surtout renouvelle pour nous le don de sa présence amicale, qui triomphe de notre fragilité pleine de peur – « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » – et veut nous conduire aussitôt au destin ultime et plénier de l’existence : Lui-même qui demeure et marche avec nous.

Ministres du cri qui mendie le salut

Il y a cependant une tâche que nous sommes appelés à assumer de manière spécifique : l’offrande de la prière, de la supplication qui mendie le salut. Jésus-Christ, par le baptême, la foi, la rencontre avec Lui à travers l’Eglise et le don d’une vocation particulière à demeurer avec Lui dans « l’école du service du Seigneur » 10) , nous a appelés à nous tenir devant le Père en demandant tout en Son nom. Pour cela il nous donne l’Esprit qui, « avec des gémissements inexprimables », « vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons pas prier comme il faut » 11) . Avant d’entrer dans la passion et la mort, Jésus a dit à ses disciples : « Je vous ai choisis (…) afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accorde » 12) . Il ne nous a pas choisis uniquement pour prier, mais pour être toujours exaucés par le Père. Notre richesse est alors la pauvreté de n’avoir d’autre pouvoir que de mendier avec foi. Et c’est un charisme qui ne nous est pas donné seulement pour nous, mais pour accomplir la mission du Fils qui est le salut du monde : « Dieu, en effet, n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui » 13) . Même le besoin de sauvegarder ou de recouvrer la santé, que chacun ressent en ce moment, peut-être avec angoisse, est un besoin de salut, du salut qui préserve notre vie de se sentir privée de sens, ballottée par les flots sans avoir de destin, sans la rencontre avec l’Amour qui nous donne à chaque instant la vie pour parvenir à vivre éternellement avec Lui. Cette conscience de notre tâche prioritaire de prière pour tous doit nous rendre universellement responsables de la foi que nous avons, et de la prière liturgique que l’Église nous confie. En ce moment où la majorité des fidèles sont contraints de renoncer à l’Eucharistie communautaire qui les rassemble dans les églises, quelle responsabilité nous devons ressentir pour les Messes que nous pouvons continuer à célébrer dans les monastères, et pour la prière de l’Office divin qui continue à nous réunir au chœur ! Nous n’avons certainement pas ce privilège parce que nous sommes meilleurs que les autres. Peut-être qu’il nous est donné précisément parce que nous ne le sommes pas, et cela rend notre mendicité plus humble, plus pauvre, plus efficace devant le Père de tous, plein de bonté. Nous devons être plus conscients que jamais qu’aucune de nos prières et liturgies ne doit être vécue sans nous sentir unis à l’ensemble du Corps du Christ qui est l’Église, la communauté de tous les baptisés, désireuse d’embrasser toute l’humanité.

La lumière des yeux de la Mère

Chaque soir, dans tous les monastères cisterciens du monde, nous entrons dans la nuit en chantant le Salve Regina. Cela aussi, nous devons le faire en pensant à l’obscurité qui enveloppe souvent l’humanité, la remplissant de la peur de s’y perdre. Dans le Salve Regina, nous demandons sur toute la « vallée des larmes » du monde, et sur tous les « enfants exilés d’Eve », la douce et consolante lumière des « yeux miséricordieux » de la Reine et Mère de la Miséricorde, afin qu’en toute circonstance, en toute nuit et en tout danger, le regard de Marie nous montre Jésus, nous montre que Jésus est présent, qu’il nous réconforte, nous guérit et nous sauve. Toute notre vocation et notre mission sont décrites dans cette prière. Que Marie, « notre vie, notre douceur et notre espérance », nous donne de vivre cette vocation avec humilité et courage, en offrant notre vie pour la paix et la joie de toute l’humanité !

Fr. Mauro-Giuseppe Lepori.  Rome, le 15 mars 2020

Echos à la prière de l’Angélus. Préparation pour la fête de l’Annonciation,

25 mars… Méditons cette belle proposition de Rita D. Merci à elle de nous l’avoir proposée.

Je suis, répondit Marie, de mon Seigneur la servante. Comme vous l’avez dit, qu’il soit accompli en moi 

Regardons l’ange et Marie : ils se font face et l’ange est émerveillé devant la beauté de celle qui rayonne de la grâce de Dieu.

Marie pressent un mystère qui la dépasse ; elle se trouble, s’interroge. C’est le trouble que nous pouvons ressentir chaque fois que Dieu s’approche de nous. 

Mais l’ange la rassure : « Sois sans crainte Marie »

Alors c’est un projet inouï qui lui est dit : devenir la mère du Fils du Très-Haut…

Accepter cet honneur c’est aussi accepter le poids de multiples inconnues.

        Qu’as-tu ressenti Marie ; qu’as-tu compris en ce moment ?

Dieu fait une proposition qui s’adresse à la liberté de cette jeune fille. Et, il attend une réponse.

Un signe t’est donné : ta cousine Elisabeth, elle qu’on désignait comme la stérile, a conçu un fils en son vieil âge !  

Marie, au nom de nous tous, au nom de cette humanité en attente du Sauveur, du Messie promis, répond : « Me voici, je suis ta servante ». Par son « Fiat » une semence divine a germé en son sein.

        L’artiste divin peut, si nous le désirons, faire en chacun de nous des merveilles car « Rien n‘est impossible à Dieu »

Ensemble, nous allons contempler, nous laisser toucher, goûter intérieurement ce que cette scène nous révèle :

1. L’initiative de Dieu : Dieu est premier en tout : premier à nous aimer, premier à se déplacer pour venir à notre rencontre.

        Et je m’arrête, m’étonne du désir de Dieu de rejoindre chacun de nous. 

C’est ce que découvrait ce jeune de 17 ans en retraite de classe. Son partage final : –J’ai vraiment ressenti que Dieu s’intéressait à moi et que mon prénom était en sécurité dans sa bouche. –

2. La manière de faire de Dieu : sa parole, son désir, Dieu l’exprime, le manifeste dans le concret de la vie de celui, de celle, vers qui Il vient.

Cette contemplation peut nous aider à aimer le quotidien de notre vie et ne pas chercher à trouver Dieu ailleurs. C’est ce que nous sommes et faisons, qui est le lieu de la rencontre avec Dieu.

3. La raison de sa venue : elle est donnée par le nom de l’enfant : « Jésus : Dieu sauve » et « Emmanuel : Dieu avec nous ; Dieu au milieu de nous »

        Me vient cette question : Quel aspect de ma vie d’aujourd’hui ou de mon passé aimerais-je que Dieu vienne sauver ? De quoi aimerais-je être libéré ?

4. Marie : reconnue, nommée « pleine de grâce » pleinement remplie de la vie de Dieu, de l’amitié de Dieu.

Familière de la prière, Marie discerne : L’apparition de l’ange n’est pas une vision mais une révélation intérieure qui la bouleverse. Nous-mêmes, nous avons pu faire cette expérience d’une parole intérieure, d’un mouvement du cœur profond qui peut bouleverser nos vies.

Marie ne prend pas pour « argent comptant » tout ce qui se passe en elle, elle se tait et dans le silence, elle cherche à savoir si ce qu’elle a entendu vient bien de Dieu.

         Elle interroge : « Comment cela se fera-t-il ? Comment deviendrais-je maman puisque je ne connais point d’homme, je suis vierge »

Marie interroge sur le moyen : en elle, dans son cœur profond, le « OUI » est donné ! Confrontée au mystère, à l’étrangeté de sa situation Marie est appelée à une totale dé-maîtrise, un abandon en Dieu qui lui dit : « l’Esprit Saint viendra sur toi »

        Femme de foi, Marie tu nous montres que lorsque Dieu s’engage envers nous, nous pouvons avancer là, où il nous paraît impossible d’aller ; là, où il semble évident qu’on ne pourra y arriver tout seul sans qu’un Esprit de force nous soutienne et nous oriente.

Elle s’engage et son « oui » permet à Dieu de s’accomplir en elle.

        Marie s’est « ajustée » au désir de Dieu. » Elle nous montre un chemin celui de « faire la volonté de Dieu » Consentir que Dieu nous prenne par la main et oser croire à l’amour pour vivre l’amour. 

« De mon Seigneur, je suis la servante » C’est là, ton « Nom de grâce » : ton identité et ta vocation.

Servante de Dieu, tu le seras aussi de ton Fils qui, comme toi, sera serviteur.

        Seul l’Esprit Saint donne la force dont nous avons besoin pour ajuster nos choix, nos décisions et engagements au désir de Dieu.

Question : Qu’est-ce qui emporte l’adhésion de Marie (et la nôtre) que c’est bien Dieu qui parle en nous ? Que certains mouvements intérieurs viennent de Lui ?

Retenons que la visite du Seigneur nous laisse dans :

La paix : dans la Bible, comme dans l’aujourd’hui des hommes et des femmes, Dieu dit : « Ne crains pas ! Je suis avec toi !»

La joie intérieure : celle de Dieu lui-même

La force : ce n’est pas nous qui ferons mais Lui en nous. Marie l’a compris car elle répond : « Qu’il me soit fait » et non, je le ferai.

Ces 3 critères sont la marque de Dieu !

Rita D.

Echos reçus

  • Un tout tout grand merci PÈRE pour vos « BONJOUR » émaillés de lectures et témoignages qui soutiennent le moral des confinés seniors et autres et leur permettent de valoriser ces moments éprouvants en leur donnant un message d’espérance. Merci de l’intérêt que vous portez, ainsi que toute la communauté jésuite, aux fidèles de Saint Jean Berghmans. Prenez soin de vous également, A et M P.
  • En cette période plus que troublée que nous vivons soyez chaleureusement remercié pour vos remarquables « Bonjour des amis » qui vous nous faites parvenir et que nous n’hésitons pas à transmettre à nos connaissances. Vraiment vous nous aidez à vivre ce carême avec des textes et messages appropriés. J. et R. V W.
  • Merci Révérend Père pour les magnifiques volées de cloche de ce samedi à 20hr00 !  Leurs sonneries ont encore amplifié le message de soutien de tous les Belges envers le corps médical.   Puisse votre communauté continuer à participer à ce geste simple mais tellement encourageant et certainement apprécié par le corps médical. Puisse aussi votre exemple être suivi par de nombreux autres clochers en Belgique en ces temps difficile. B. M.
  • Merci cher Tommy, de nous accompagner dans la prière si fidèlement! Reçois notre bonjour amical ! D. et J.
  • Après l’Angelus de ce dimanche 22 mars, le pape a annoncé : «En ces jours d’épreuve, alors que l’humanité tremble de la menace d’une pandémie, je voudrais proposer à tous les chrétiens d’unir leurs voix au ciel. J’invite tous les dirigeants des églises et les dirigeants de toutes les communautés chrétiennes et tous les chrétiens de différentes confessions à invoquer le Dieu Tout-Puissant, et en même temps à prononcer la prière du Notre Père que Jésus notre Seigneur nous a enseignée.

    J’invite donc tout le monde à prier la prière du Seigneur à midi le mercredi 25 mars prochain. Le jour où de nombreux chrétiens commémoreront la proclamation de la Parole à la Vierge Marie, que le Seigneur entende la prière unanime de tous ses disciples qui se préparent à célébrer la victoire du Christ ressuscité.

    Dans la même intention, je conduirai un moment de prière sur le parvis de la basilique Saint-Pierre devant la place vide vendredi 27 mars prochain, à 18h00. J’invite déjà tout le monde à participer spirituellement à travers les médias. Nous écouterons la parole de Dieu, nous formulerons nos prières, nous adorerons le Saint-Sacrement, avec lequel je donnerai finalement la bénédiction « Urbi et Orbi », avec laquelle la possibilité de recevoir l’indulgence complète sera liée.

    Nous voulons répondre à la pandémie de virus par l’universalité de la prière, de la compassion et de la tendresse. Restons ensemble. Faisons sentir notre proximité avec les personnes les plus solitaires et les plus éprouvées ».