bonjour du 21 mars

Le Bonjour des amis Eglise st Jean Berchmans ° st Michel 21 mars 2020

Est-ce que la contagion du coronavirus a un sens spirituel ?

Les médias et les cœurs de tout le monde sont pleins des nouvelles de la contagion du coronavirus qui envahit les pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique. Les mesures prises par les autorités, la situation médicale et les conséquences pour l’économie et pour la société sont à la une.

Mais ne faut-il pas nous demander aussi ce que Dieu veut nous dire à travers cette épreuve grave de notre temps ? A la lumière de l’Ecriture Sainte, il me semble que ce sont deux paroles qui jettent une lumière sur le sens de l’événement.

La parole de Dieu parle d’un bout à l’autre du salut que nous recevons de Dieu. Il y a peu de mots qui reviennent si souvent comme sauver, aider, guérir, éclairer, conforter, protéger, garder, répondre, écouter, guider, entourer, etc. dans la Bible. Dieu sauve, et les hommes ont besoin de multiples secours. Les générations qui nous ont précédés savaient cela peut-être mieux que nous parce qu’ils avaient moins de moyens techniques et une science moins développée que l’époque moderne. Elles recouraient à Dieu dans leurs besoins et priant dans leurs litanies : a peste, fame et bello libera nos Domine ! (Des épidémies, des guerres et des famines libère-nous, Seigneur !)

Devons-nous de nouveau apprendre à recourir à Dieu dans nos besoins ? A lui dire avec foi et humilité : Seigneur, sauve-nous, nous périssons ! Dans l’Ancien Testament, Dieu porte le beau titre « Médecin d’Israël » (Exode 15,26) et le Psaume 102,3 (Ps 103,3) exprime sa conviction croyante : « Le Seigneur te guérit de toute maladie ».  Le savoir médical moderne n’exclut pas la prière. Les deux ne sont pas en concurrence, ils vont de pair dans la vie des croyants. Car guérison et maladie peuvent être toutes deux des voies par lesquelles Dieu sauve toute la personne humaine, dans son corps et dans son âme.

Mais pour s’en convaincre il faut se mettre dans la vérité et dans l’humilité : l’humanité n’est pas toute-puissante. N’est-ce pas la tentation moderne, en face de tout ce que les hommes ont découvert et savent faire, que d’imaginer l’homme souverain et maître de tout, capable de venir à bout de tous les problèmes ? N’est-il pas beaucoup plus heureux de pouvoir dire avec la foi : j’ai de nombreux besoins qui me dépassent, et dépasseront toujours, mais j’ai un recours en Dieu ? Lui m’aidera, Lui me sauvera car Il aime aider et sauver, et Il peut m’aider et sauver. C’est pourquoi le Psaume 9a,21 (Ps 10,21) adresse la prière surprenante au Seigneur : « Mets une crainte sur l’humanité afin qu’elle apprenne à comprendre qu’elle est seulement humaine ».  Humain, c’est-à-dire dans le besoin d’aide et dans la joie d’avoir un sauveur qui aimera donner son aide. N’est-ce pas aussi un enseignement que nous pouvons retirer dans la foi de l’épreuve de que nous vivons en ces jours ?

Frère Adrian Schenker, dominicain

Méditation du vendredi 20 mars 2020 (P. Alain LE NÉGRATE)

(Vu sur le site de la paroisse st Paul de la Plaine à Paris, animée par les jésuites)

Confinés comme nous tous dans nos ʻintérieursʼ, deux amis de longue date m’ont écrit qu’ils souhaitent que de ce moment particulier sorte du bon, peut-être le meilleur. D’abord un recul par rapport aux urgences aveuglantes au profit d’un réalignement des priorités de nos existences. Je remercie ces compagnons de route musulmans.

Au fond c’est à cela aussi que sert le temps de quarantaine (sens exact du mot Carême). Non pas pour un repli sur soi dans l’angoisse, mais pour relativiser notre moment devant des malheurs bien pires : la vraie guerre (en Syrie par exemple), la pauvreté extrême, les injustices et tous les cris qui montent vers le ciel.

De la Chine aux USA l’économie mondiale marque le pas. Eh bien que notre monde riche en mal de croissance saisisse ce temps favorable d’une pause. Au tout début de la monnaie, Aristote – cité par le pape François – avait déjà compris le danger de l’argent, en condamnant la spéculation financière parce qu’en elle, « l’argent lui-même devient productif, perdant sa véritable finalité qui est de faciliter le commerce et la production » [1]. La première lecture de ce jour nous met en garde contre la religion la plus répandue, à savoir l’idolâtrie : « Nous ne dirons plus à l’ouvrage de nos mains : “Tu es notre Dieu”. » (Os 14, 4)

La page du prophète Osée ne fait que préparer à entendre l’Evangile. Aujourd’hui un scribe pose une question à Jésus : « Quel est le premier commandement ? » (Mc 12, 28-34).

C’est un échange créatif entre deux maîtres de la Torah, cas unique d’un scribe, seul et favorable, en dialogue avec le rabbi galiléen, alors qu’habituellement ses pairs lui sont hostiles.

Jésus répond à la question bienveillante par leur credo commun : « Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est Un. Tu l’aimeras… » (Dt 6, 4-5). A ce commandement il adjoint un second : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18). Puis il met les deux citations dans l’ordre en insistant : le premier et le second, et il affirme la supériorité de ces deux commandements sur tous les autres. Et c’est tout.

D’après John P. Meier, aucun autre écrit juif de la Palestine ou de la diaspora ne contient ces caractéristiques du double commandement d’amour. La nouveauté de cet enseignement du Christ a été encore rappelée par Benoît XVI : « Fermer les yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu » (Deus caritas est, 16).

Qu’à l’écoute de la Parole de Vie, ce temps de Carême – et de désert eucharistique – ouvre grands nos yeux et nous délivre de toute tentation au repli. AMEN.

[1] Aristote in Politique I, 10, 1258b cité par le pape François lors d’un séminaire sur les « Nouvelles formes de fraternité solidaire ». Au Vatican le 5 février 2020.

ACTE DE COMMUNION SPIRITUELLE  

« Seigneur Jésus, je crois fermement que Tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie.  Je T’aime plus que tout et je Te désire de toute mon âme. « Après toi languit ma chair comme une terre assoiffée » (ps 62)

Je voudrais Te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie, avec la joie et la ferveur des saints. Puisque je suis empêché de Te recevoir dans le sacrement, viens au moins spirituellement visiter mon âme.

En ce temps de carême, que ce jeûne eucharistique auquel je suis contraint me fasse communier à Tes souffrances et surtout, au sentiment d’abandon que Tu as éprouvé sur la Croix lorsque Tu t’es écrié : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ».

Que ce jeûne sacramentel me fasse communier aux sentiments de Ta Très Sainte Mère et de Saint Joseph quand ils T’ont perdu au Temple de Jérusalem, aux sentiments de Ta Sainte mère quand elle Te reçut, sans vie, au pied de la Croix.   

Que ce jeûne eucharistique me fasse communier aux souffrances de Ton Corps mystique, l’Église, partout dans le monde où les persécutions, ou l’absence de prêtres, font obstacle à toute vie sacramentelle.

Que ce jeûne sacramentel me fasse comprendre que l’Eucharistie est un don surabondant de Ton amour et pas un dû en vue de mon confort spirituel.

Que ce jeûne eucharistique soit une réparation pour toutes les fois où je T’ai reçu dans un cœur mal préparé, avec tiédeur, avec indifférence, sans amour et sans action de grâce. 

Que ce jeûne sacramentel creuse toujours davantage ma faim de Te recevoir réellement et substantiellement avec Ton corps, Ton sang, Ton âme et Ta divinité lorsque les circonstances me le permettront. Et d’ici là, Seigneur Jésus, viens nous visiter spirituel­le­ment par Ta grâce pour nous fortifier dans nos épreuves. Maranatha, viens Seigneur Jésus. »

Mgr Raymond Centene, Évêque de Vannes

Donner à chaque instant sa pleine valeur

Par Matthieu Ricard (moine bouddhiste) le 17 mars 2020

Chers amis,

Je souhaitais vous envoyer mes bonnes pensées et mes humbles prières en ces circonstances difficiles. Je sais que beaucoup d’entre vous sont désorientés et ressentent de la peur face à l’épidémie qui affecte tant d’êtres humains dans le monde entier.

Nous devons prendre toutes les précautions nécessaires pour nous-mêmes, pour ceux qui nous sont chers, et pour l’ensemble de la communauté qui nous entoure.

Dans les pays nantis, nous en sommes peu à peu venus à penser que l’humanité avait maîtrisé la nature et pouvait le dominer selon son bon vouloir.

Nous cherchons en permanence le confort matériel et plaçons toutes nos attentes et nos craintes dans les conditions extérieures, poursuivant des intérêts superficiels par l’acquisition de toujours plus de possessions, de gadgets en tous genres, et de sensations plaisantes.

La situation actuelle est un rappel de la fragilité de la vie et du caractère illusoire du contrôle que nous pensons exercer sur le monde qui nous entoure. Mais ces circonstances défavorables peuvent aussi nous permettre de revisiter nos priorités dans la vie, de prendre plus clairement conscience de ce qui compte vraiment dans notre existence, et de remettre au cœur de nos préoccupations l’amitié, la bienveillance, le lien social, la qualité des relations à l’autre, l’entraide et la coopération, et tout ce qui contribue à une vie qui vaut la peine d’être vécue.

Bien qu’aujourd’hui s’isoler physiquement soit un acte altruiste à l’égard de la société, pour éviter de propager involontairement l’épidémie, nous devons malgré tout redoubler de prévenance à l’égard de nos frères et sœurs humains, et veiller à prendre soin des personnes en difficulté, les personnes âgées qui vivent seules notamment. Donnons à chaque instant qui passe sa pleine valeur et comprenons à quel point notre vie et celle d’autrui sont précieuses.

Profitons donc de l’épreuve que nous traversons tous ensemble pour cultiver la bienveillance envers tous et la compassion pour ceux qui souffrent, en nous ouvrant à la sollicitude d’autrui et leur accordant la nôtre

Quel que soit le temps qui nous reste à vivre, le plus long possible espérons-le, vivons pleinement chaque instant avec bonté, liberté et paix intérieure. Contemplons aussi la nature profonde et immuable de notre propre esprit, qui est toujours présente derrière le tourbillon de nos espoirs et de nos inquiétudes.

Je suis donc de tout cœur avec vous et vous envoie mes humbles prières, tout particulièrement à ceux qui sont directement touchés par cette épidémie.

Reçu d’un paroissien.

« Un regard différent, utilisons d’autres lunettes  » :

Par Raffaele MORELLI, psychiatre et psychothérapeute italien

« Je crois que le cosmos a sa façon de rééquilibrer les choses et ses lois, quand celles-ci viennent à être trop bouleversées. Le moment que nous vivons, plein d’anomalies et de paradoxes, fait réfléchir…Dans une phase où le changement climatique, causé par les désastres environnementaux, a atteint des niveaux inquiétants.

D’abord la Chine, puis tant d’autres pays, sont contraints au blocage ; l’économie s’écroule, mais la pollution diminue de manière considérable.  L’air s’améliore ; on utilise un masque, mais on respire…

Dans un moment historique où, partout dans le monde, se réactivent certaines idéologies et politiques discriminatoires, rappelant avec force un passé mesquin, un virus arrive, qui nous fait expérimenter que, en un instant, nous pouvons nous aussi devenir les discriminés, les ségrégués, ceux qu’on bloque aux frontières, qui amènent les maladies.

Même si nous n’y sommes pour rien. Même si nous sommes blancs, occidentaux, et que nous voyageons en première classe (= complexe de toute puissance avec des relents coloniaux)

Dans une société fondée sur la productivité et la consommation, dans laquelle nous courons tous 14 heures par jour après on ne sait pas bien pourquoi, sans samedi ni dimanche, sans plus de pause dans le calendrier, tout à coup, le « stop » arrive.

Tous à l’arrêt, à la maison, pendant des jours et des jours.  À faire le compte d’un temps dont nous avons perdu la valeur, dès qu’il n’est plus mesurable en argent, en profit.  Sait-on seulement encore quoi en faire ?

Dans une période où l’éducation de nos propres enfants, par la force des choses, est souvent déléguée à des figures et institutions diverses, le virus ferme les écoles et nous oblige à trouver des solutions alternatives, à réunir les mamans et les papas avec leurs propres enfants.  Il nous oblige à refaire une « famille ».

Dans une dimension où les relations, la communication, la sociabilité, se jouent essentiellement dans ce non-espace du virtuel des réseaux sociaux, nous donnant l’illusion de la proximité, le virus nous enlève la proximité, celle qui est bien réelle : personne ne doit se toucher, pas de baisers, pas d’embrassades, de la distance, dans le froid du non-contact.

Depuis quand avons-nous pris pour acquis ces gestes et leur signification ?

Dans un climat social où penser à soi est devenu la règle, le virus nous envoie un message clair : la seule manière de nous en sortir, c’est la réciprocité, le sens de l’appartenance, la communauté, se sentir faire partie de quelque chose de plus grand, dont il faut prendre soin, et qui peut prendre soin de nous.

La responsabilité partagée, sentir que de nos actions dépendent, non pas seulement notre propre sort, mais du sort des autres, de tous ceux qui nous entourent. Et que nous dépendons d’eux.

Alors, si nous arrêtons la « chasse aux sorcières », de nous demander à qui la faute et pourquoi tout s’est arrivé, pour nous interroger plutôt sur ce que nous pouvons apprendre, je crois que nous avons tous beaucoup de matière à réflexion et à agir.  Parce qu’avec le cosmos et ses lois, de manière évidente, nous avons une dette excessive. Il nous le rappelle au prix fort, avec un virus. »

Echos et messages

Une réflexion intéressante de Remy Pigeon (de Wezembeek) sur Facebook 

Lorsque nous courrons, il est de nombreuses choses dont les contours deviennent flous, d’autres que l’on ne remarque même plus. Cela fait des siècles que l’Homme a commencé son marathon et, loin de se fatiguer, il ne fait qu’accélérer depuis. Pourquoi ne pas profiter de cette période de confinement, ce point de coté qui nous force à nous arrêter, pour regarder autour de nous et faire le point ? En prenant le temps de souffler et de réfléchir, peut-être réaliserons nous que cette course que nous pensions nécessaire ne rime plus à rien et cela fait longtemps que nous nous sommes perdus. 

Depuis des siècles, l’Homme s’est créé un monde grandiose. Nous nous sommes défaits de la gravité afin de pouvoir voler, nous avons bâti des tours qui tutoient les nuages et sommes même parvenus à nous échapper de notre planète pour explorer l’univers et marcher sur la Lune. Loin de nous arrêter là, nous avons également imaginé un outil nous permettant de nous connecter les uns aux autres et ce malgré les océans séparant nos continents. En nous prenant parfois pour des dieux égoïstes, nous n’avons pas voulu voir que la création d’un tel monde nécessitait la destruction d’un autre. En l’espace de quelques dizaines d’années nous avons bouleversé l’ensemble des écosystèmes de notre planète au point que la moitié des espèces qui nous entourent pourrait avoir disparu d’ici 2100. Nous sommes allés trop loin.

Ce confinement printanier nous prouve cependant à quel point la nature est résiliente et qu’il est encore possible de changer de direction. À Venise les eaux troubles des canaux se font désormais translucides et accueillent à nouveau des milliers de poissons. Plus loin en Sardaigne, les dauphins s’aventurent à nouveau près des ports. D’ici quelques temps nous pourrons sans doute observer de nombreux renardeaux fraichement nés, des chevreuils parcourir nos champs ainsi qu’un plus grand nombre d’oiseaux dans le ciel. Pourquoi même ne pas rêver d’un retour accéléré du loup et du lynx, deux animaux avec qui nous cohabitions jadis avant qu’ils ne freinent la construction de notre monde artificiel.

Une fois le point de côté passé, il serait bon de se demander si reprendre notre course effrénée est vraiment nécessaire. Pourquoi ne pas ralentir ? Consommer moins, consommer mieux afin que la Terre et ses espèces puissent respirer. Limiter ses voyages autour du monde et prendre le temps de s’ouvrir à celui dont la nationalité n’est pas la vôtre mais qui, à cause de cette course, s’est retrouvé dans votre pays. Tentons tous ensemble de tirer du positif de cette épreuve que nous traversons. Après tout, c’est quand l’obscurité se fait totale que la lueur des étoiles se dévoile !

MESSES EN COMMUNAUTE JESUITE

Le matin à 7h30, la communauté prie les laudes, sans assemblée extérieure.

Il y aura tous les jours eucharistie, en communauté, sans assemblée présente, à 7h, à 12h et à 18h30. Nous y portons votre prière, et celle de tous ceux qui nous sont confiés. Parfois, il y aura une diffusion en direct sur Facebook à partir du profil de Tommy Scholtes

Aucune célébration à l’église. Si possible, nous maintenons les permanences aux heures des confessions. Elles se dérouleront sans doute à l’oratoire, un espace plus aéré que le bureau du confessionnal.

Vous pouvez me joindre au 02 739 33 21.. le fixe de mon bureau en communauté dans lequel je suis beaucoup présent …

Téléphonez les uns aux autres, sms, mails,

Que la communion virtuelle soit la plus réelle possible.

N’hésitez pas à nous faire part de propositions, demandes, intentions de prière, expériences de prière partagée, sites web utiles. La plume est particulièrement proposée aux confrères jésuites et aux membres de l’équipe pastorale ESJB

Unis, Tommy Scholtes sj

(tommy.scholtes@tommyscholtes.be)